mercredi 12 juin 2013

La direction de Radio France ne répond pas aux précaires, Aurélie Filippetti le fera peut-être.

Lettre ouverte à Madame Aurélie Filippetti,
ministre de la Culture et de la Communication


Madame la Ministre,


    Si vous écoutez la radio publique, vous nous avez sans doute déjà entendus. Nous sommes plus d’une centaine, journalistes précaires de Radio France, disponibles toute l’année, susceptibles de travailler de jour et de nuit, en semaine ou le week-end, pour les chaînes de Radio France à Paris et pour les 43 antennes de France Bleu en région.

 Nous remplaçons à la demande, et parfois en dernière minute, les journalistes titulaires absents. Trois jours à Laval, une semaine à Paris, puis, entre deux périodes de chômage, quelques jours à Strasbourg ou à Quimper. Voilà un exemple de notre quotidien.

Vous n’ignorez rien de la grande précarité qui touche un certain nombre de salariés dans les médias. Mais connaissez-vous la situation en détail ?

Savez-vous qu’à Radio France, nous devons rester disponibles en permanence, délaisser d’autres employeurs, pour attendre ce fameux coup de fil qui nous enverra parfois à des centaines de kilomètres de chez nous, pour quelques jours ou pour plusieurs mois ?

Savez-vous qu’aucun d’entre nous ne connaît les conditions d’attribution de ces CDD, dont la gestion est laissée à une seule personne ?

Savez-vous qu’entre ces contrats précaires, nous devons batailler avec Pôle Emploi pour nous faire indemniser ?

Savez-vous que cette situation dure pour la plupart d’entre nous, depuis plusieurs années – parfois plus de cinq ans – empêchant ainsi toute stabilité professionnelle, affective ou familiale ?

Savez-vous que rien, ni personne ne nous garantit qu’un jour, après tous ces efforts et ces sacrifices, nous serons titularisés ?

Mais au-delà de cette précarité, de ces incertitudes avec lesquelles nous composons car nous aimons ce métier et cette entreprise, nos conditions de travail et de vie se dégradent chaque jour un peu plus.

Vous avez demandé à Radio France de faire des économies. La direction a promis de ne pas toucher à l’effectif humain. Pourtant, le budget alloué aux contrats CDD a été le premier à baisser, dès le début de l’année 2013. Et la baisse n’a rien de symbolique : - 8 % ! Quelle catégorie de population accepterait ainsi une baisse de 8% de son volume de travail – et donc de salaire ?

Naturellement, nous ne méconnaissons pas la situation des finances publiques. Personne ne doit être exempté de l’effort commun. Mais quelle est la pertinence de ces coupes budgétaires, puisque c’est in fine de l’argent public, celui de Pôle emploi, qui complète – partiellement - nos revenus fluctuants ?

Si aujourd’hui, nous nous adressons à vous, c’est parce que malgré nos tentatives, nous ne parvenons pas à obtenir de réponses de la direction de Radio France.

Permettez-nous, pour conclure cette lettre, de citer un responsable politique : « Il faudra, dans l’audiovisuel public, requalifier en CDI des contrats d’intermittents, de pigistes quasi-permanents ou de CDD éternellement renouvelés. »

Vous connaissez ces mots : ils sont les vôtres, dans un entretien au JDD, le 21 avril dernier. Puissiez-vous, Madame la Ministre, passer des paroles aux actes, et mettre fin à cet abus de précarité. 

Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.

Les journalistes précaires de Radio France, collectif apolitique et a-syndical.


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