jeudi 11 décembre 2014

Mathieu Gallet élude la question de la précarité devant les députés

Le 10 décembre dernier, Mathieu Gallet était reçu à l'Assemblée nationale devant la Commission des finances et la Commission des affaires culturelles. Le PDG de Radio France était amené à présenter le bilan de l'entreprise publique pour l'année 2013 et à échanger avec les députés sur des questions de leur choix.

Avant l'audition, tous les députés membres de ces commissions ont reçu un courrier du Collectif des journalistes précaires de Radio France les alertant du problème posé par la précarité. En tout, 17 députés ont interrogé Mathieu Gallet et 4 ont abordé ce sujet.

Mais le PDG de Radio France a éludé les questions... Comme son prédécesseur Jean-Luc Hees il y a 1 an.


 
Le courrier envoyés aux députés :


Mesdames et Messieurs les parlementaires de la Commission des Affaires Culturelles/ Economiques de l'Assemblée,

Vous vous apprêtez à recevoir le président de Radio France. Il y a un an, avant la nomination de Mathieu Gallet, nous interpellions une partie d'entre vous sur la situation des salariés précaires de notre belle "maison ronde", et sur les conséquences financières d'un système indigne du service public.

Cette maison, nous aussi, nous la faisons vivre. Nous sommes une centaine de journalistes en CDD, disponibles à tout moment.

Sans nous, pas d'antenne les nuits, les week-ends, les jours fériés et les vacances scolaires.

Sans nous, pas moyen de remplacer les congés maladies, maternité et les congés tout court des journalistes titulaires.

Pour cela, nous cumulons parfois plusieurs centaines de contrats dans toute la France, pendant de nombreuses années, sans garantie d'embauche à terme.
Des CDD d'un jour ou de plusieurs semaines. Quand nous ne travaillons pas, nous devons être chez nous, à côté du téléphone, prêts à partir. Sans pour autant être officiellement d'astreinte, et sans indemnisation.

Notre situation s'est fragilisée depuis deux ans. Lorsque, en novembre 2012, Radio France a choisi d'ajuster ses contraintes budgétaires à notre détriment, en diminuant drastiquement le volume de CDD. Elle risque à nouveau de s'aggraver au mois de janvier puisque la direction évoque une nouvelle baisse de 15% du budget cdd.

Comment justifier qu'une partie de la redevance des citoyens français serve à indemniser des journalistes précaires ayant servi la maison depuis plus de cinq ans et qui se trouvent brutalement remerciés ?

Comment accepter que Radio France détourne le principe d'indemnisation de Pôle Emploi en le laissant compléter nos revenus les mois où nous travaillons peu ou pas ?

Comment expliquer qu'un système de précarité régulièrement condamné par les tribunaux continue d'exister dans une entreprise de service public ?

Cette situation dure depuis des années, et nous, journalistes précaires, la dénonçons depuis bientôt deux ans. Nous souhaitons engager des discussions, nous asseoir à une table et envisager une réforme nécessaire de ce "planning" que Radio France présente comme une étape obligatoire.

Nous avons alerté l'an dernier le ministère de la Culture sur nos conditions de travail. Le cabinet de Madame Filippetti avait jugé utile de nous recevoir et plaide pour l'ouverture de négociations. La direction de Radio France, elle, n'a jamais daigné nous répondre.

Alors, lorsque vous auditionnerez le président de Radio France, Mesdames et Messieurs les parlementaires, peut-être pourriez-vous lui demander si la situation des journalistes précaires de sa maison et les frais qu'elle engendre (indemnisation Pôle emploi, frais de déplacements, d'hôtels...) lui semblent dignes d'un audiovisuel public exemplaire.

En vous remerciant de l'attention que vous porterez à notre courrier, nous vous prions, Mesdames, Messieurs les parlementaires, d'agréer l'expression de nos sentiments respectueux.

Le collectif des journalistes précaires de Radio France.