mercredi 4 février 2015

Message adressé aux syndicats avant la dernière réunion sur la précarité


Message adressé aux syndicats à la veille de la troisième et dernière réunion avec la direction au sujet des journalistes précaires de Radio France. Deux réunions ont déjà eu lieu : en décembre 2014 et janvier 2015 mais elles n'ont rien donné. La direction nous propose une journée de formation aux entretiens de motivation et refuse les propositions de certains syndicats : pas question d'accepter un audit sur la santé des salariés précaires, pas question de mettre en place une brigade de remplaçants titulaires... Et les syndicats n'arrivent pas à arrêter une position commune.



Nous sommes déçus. Nous avons compris que rien de positif n'était sorti de la dernière réunion.

Nous sommes amers. Nous pensions que notre situation vous préoccupait, sur le plan moral, humain mais surtout syndical.

Nous sommes naïfs. Nous espérions que le bien commun l'emporterait sur vos divergences et sur vos différents intérêts par rapport à la direction.

Nous sommes crédules. Nous pensions qu'un système illégal comme celui de Radio France n'avait pas sa place dans une entreprise de service public.

Mais nous sommes aussi entêtés et plein d'espoir. Sinon on ne serait pas sur ce planning, sinon on ne croirait plus en vous.

Nous sommes le 9 février, dernière réunion programmée sur le sort d'une centaine de personnes, qui sont comme les autres des salariés de Radio France et que vous devez défendre, sans arrières pensées. Pour nous, pour vous et pour l'avenir.

Lettre adressée aux syndicats au début des négociations avec la direction

Lettre envoyée aux syndicats de Radio France au début de la série de réunions avec la direction à propos des journalistes précaires. Deux réunions ont eu lieu : en décembre 2014 et janvier 2015. La troisième est prévue pour le 9 février 2015.



Mesdames, Messieurs,
Vous allez rencontrer les représentants de la direction au sujet des journalistes précaires de Radio France. Nous tenions, encore une fois, à vous remercier pour votre prise en main du dossier. Nous sommes conscients de la difficulté de trouver une ou des solutions pour mettre fin à ce système injuste, inégal et illégal qui dure depuis tant d'années.


Nous vous écrivons aujourd'hui pour vous redire tout l'espoir que nous portons dans ces négociations. Autrement dit, c'est "maintenant ou jamais". Ou alors dans très longtemps : si aucune solution n'est trouvée pour repenser le planning, la direction aura une bonne excuse pour remettre le dossier sous le tapis pendant les années à venir. Nous entendons déjà leur discours : "on a essayé, on a demandé leur avis aux syndicats, mais il n'y a rien eu de concret, alors c'est facile de se plaindre quand on a rien à proposer". Nous savons bien-sûr que ce n'est pas vrai. C'est le moment de le leur montrer.

Car, si ces discussions échouent, nous repartirons tous à la case départ, voire même une case en arrière. La direction avec satisfaction, parce qu'elle pourra continuer à nous utiliser comme bon lui semble. Vous, syndicats, avec certainement un sentiment d'inachevé et d'amertume après des mois de discussions. Nous, journalistes du planning, avec l'angoisse du prochain contrat qui n'arrive pas, du CDI qui s'éloigne et le désespoir de constater que rien ne bouge. Nous ne pouvons plus continuer à travailler avec le sentiment d'être quantité négligeable dans une entreprise qui a pourtant besoin de nous pour fonctionner.

Ce qui nous importe n'est pas une intégration massive mais de mettre fin une fois pour toutes à la souffrance des anciens du planning et à la méfiance des nouveaux. Il en va de l'atmosphère générale dans les rédactions et de la qualité de l'antenne. Pour nous, toutes les solutions sont bonnes à étudier, tant qu'il y a des solutions.

Nous avons pu constater que les sénateurs, les députés, le ministère de la culture et le CSA sont eux aussi vigilants ; à nous de leur montrer que les employés de Radio France sont dignes de la confiance que mérite un groupe financé par ses auditeurs.

Le collectif

jeudi 11 décembre 2014

Mathieu Gallet élude la question de la précarité devant les députés

Le 10 décembre dernier, Mathieu Gallet était reçu à l'Assemblée nationale devant la Commission des finances et la Commission des affaires culturelles. Le PDG de Radio France était amené à présenter le bilan de l'entreprise publique pour l'année 2013 et à échanger avec les députés sur des questions de leur choix.

Avant l'audition, tous les députés membres de ces commissions ont reçu un courrier du Collectif des journalistes précaires de Radio France les alertant du problème posé par la précarité. En tout, 17 députés ont interrogé Mathieu Gallet et 4 ont abordé ce sujet.

Mais le PDG de Radio France a éludé les questions... Comme son prédécesseur Jean-Luc Hees il y a 1 an.


 
Le courrier envoyés aux députés :


Mesdames et Messieurs les parlementaires de la Commission des Affaires Culturelles/ Economiques de l'Assemblée,

Vous vous apprêtez à recevoir le président de Radio France. Il y a un an, avant la nomination de Mathieu Gallet, nous interpellions une partie d'entre vous sur la situation des salariés précaires de notre belle "maison ronde", et sur les conséquences financières d'un système indigne du service public.

Cette maison, nous aussi, nous la faisons vivre. Nous sommes une centaine de journalistes en CDD, disponibles à tout moment.

Sans nous, pas d'antenne les nuits, les week-ends, les jours fériés et les vacances scolaires.

Sans nous, pas moyen de remplacer les congés maladies, maternité et les congés tout court des journalistes titulaires.

Pour cela, nous cumulons parfois plusieurs centaines de contrats dans toute la France, pendant de nombreuses années, sans garantie d'embauche à terme.
Des CDD d'un jour ou de plusieurs semaines. Quand nous ne travaillons pas, nous devons être chez nous, à côté du téléphone, prêts à partir. Sans pour autant être officiellement d'astreinte, et sans indemnisation.

Notre situation s'est fragilisée depuis deux ans. Lorsque, en novembre 2012, Radio France a choisi d'ajuster ses contraintes budgétaires à notre détriment, en diminuant drastiquement le volume de CDD. Elle risque à nouveau de s'aggraver au mois de janvier puisque la direction évoque une nouvelle baisse de 15% du budget cdd.

Comment justifier qu'une partie de la redevance des citoyens français serve à indemniser des journalistes précaires ayant servi la maison depuis plus de cinq ans et qui se trouvent brutalement remerciés ?

Comment accepter que Radio France détourne le principe d'indemnisation de Pôle Emploi en le laissant compléter nos revenus les mois où nous travaillons peu ou pas ?

Comment expliquer qu'un système de précarité régulièrement condamné par les tribunaux continue d'exister dans une entreprise de service public ?

Cette situation dure depuis des années, et nous, journalistes précaires, la dénonçons depuis bientôt deux ans. Nous souhaitons engager des discussions, nous asseoir à une table et envisager une réforme nécessaire de ce "planning" que Radio France présente comme une étape obligatoire.

Nous avons alerté l'an dernier le ministère de la Culture sur nos conditions de travail. Le cabinet de Madame Filippetti avait jugé utile de nous recevoir et plaide pour l'ouverture de négociations. La direction de Radio France, elle, n'a jamais daigné nous répondre.

Alors, lorsque vous auditionnerez le président de Radio France, Mesdames et Messieurs les parlementaires, peut-être pourriez-vous lui demander si la situation des journalistes précaires de sa maison et les frais qu'elle engendre (indemnisation Pôle emploi, frais de déplacements, d'hôtels...) lui semblent dignes d'un audiovisuel public exemplaire.

En vous remerciant de l'attention que vous porterez à notre courrier, nous vous prions, Mesdames, Messieurs les parlementaires, d'agréer l'expression de nos sentiments respectueux.

Le collectif des journalistes précaires de Radio France.


mardi 24 juin 2014

Lettre des journalistes précaires soutenus par les syndicats à Mathieu Gallet, PDG de Radio France

Cette lettre écrite par le Collectif des journalistes précaires de Radio France a été adressée à Mathieu Gallet lors de son premier Comité central d'entreprise en tant que nouveau PDG, le 24 juin 2014.
Le texte a été envoyé à tous les syndicats de Radio France afin qu'ils le portent en début de séance. 

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Monsieur le Président Directeur général, 

Nous sommes les « CDD » et « CDDettes » du planning. C'est devenu un qualificatif, tant c'est un mode de vie en soi : être disponible tout le temps, prêt à partir remplacer des journalistes à l'autre bout de la France, pas de prévision à court, moyen ou long terme et des revenus très fluctuants. Tout cela en s'adaptant, bien sûr, à tous les postes du réseau France Bleu et des antennes nationales. 

Notre mobilisation est une première. Pourquoi ? parce que nos conditions de travail se sont sensiblement dégradées, amenant une partie d'entre nous à des situations dramatiques sur les plans professionnel et humain.

Nous sommes ultra-qualifiés (souvent entre bac+5 et bac+8), sortons d'écoles reconnues par la profession ou de la filière professionnelle de Radio France, passons un à trois ans en piges avant d'être durement sélectionnés pour travailler sur le planning de Radio France. En pige, en CDD ou CDI, nous faisons tous exactement le même travail. Mais pas dans les mêmes conditions.

Nous ne nous plaignons pas de notre rôle de remplaçant, nous savions à quoi nous nous engagions en arrivant. Mais quand le plan d'économies a été mis en place, nous nous sommes retrouvés en première ligne, considérés comme une simple variable d'ajustement. A quoi sert de remplacer si ce n'est pour décrocher un jour un poste à Radio France ? Nous enchaînons les contrats par dizaine sans savoir où nous allons. Dans n'importe quelle autre entreprise, une période d'essai dure trois mois, parfois six. Nous, nous restons à faire nos preuves pendant quatre, cinq ou six ans.

Nous ne sommes pas de la chair à canon, nous sommes l'avenir de notre métier. C'est pourquoi aujourd'hui, nous vous demandons de créer un vrai parcours d'embauche pour avoir un début de carrière décent.

Le planning peut être amélioré :

- En installant au moins deux personnes pour le gérer, dont une ayant des compétences en ressources humaines.
- En refusant l'éviction arbitraire des CDD.
- En fonctionnant de façon plus transparente.
- En assurant un partage équitable de la quantité de travail entre nous tous afin de permettre à chacun de défendre ses chances lors des entretien d'embauche et de pouvoir vivre décemment.

Notre collectif regroupe les journalistes mais de nombreuses autres professions sont touchées par la précarité à Radio France ; ce système où l'on peut cumuler des centaines de petits ou longs contrats, être en permanence d'astreinte sans pour autant être rémunéré, et toujours dépendre des indemnités de Pôle Emploi pour compléter notre salaire. Étonnant pour une entreprise de service public, non ?

Cette entreprise, vous venez d'en prendre la direction. Vous êtes, nous en avons bien conscience, très sollicité. Mais les précaires d’aujourd’hui seront, du moins osons-nous encore l'espérer, vos CDI de demain. Un début de carrière décent ne peut qu'être bénéfique à Radio France sur le long terme en offrant l'assurance de travailler avec des salariés enthousiastes et volontaires.

C’est pour toutes ces raisons que nous vous interpellons en préambule de ce CCE. La direction précédente a choisi de nous ignorer, nous espérons que la question de la précarité fera partie des préoccupations de votre mandat à Radio France.

En vous remerciant d'avoir pris connaissance de cette lettre, veuillez recevoir, Monsieur, nos salutations distinguées,

Le collectif des journalistes précaires de Radio France

mercredi 9 avril 2014

Depuis plus d'un an, nous, précaires, demandons:

- Une gestion partagée du planning avec au moins deux personnes, dont une avec un profil RH.

- La transparence sur la distribution des contrats pour une meilleure répartition du volume de travail 
(la différence entre 2 CDD peut atteindre 8.000 euros de revenus par an).

- Pas d'éviction arbitraire des journalistes en CDD.